Ernest MONTUSES
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Une vie pleine de vies

Ernest Montusès incarne à la fois l'éclectisme dans les formes qu'il a sollicitées pour exercer son talent et la force de l'unité dans l'orientation constante de ses convictions et de son engagement.
C'est dans une forme de biographie qu'André SEREZAT le présente en lui rendant hommage.

1880 – 1927 - Ernest Montusès

1880

1880, la Troisième République balbutie encore mais use déjà son quatorzième gouvernement ! L’écrasement de la Commune de Paris marque les cœurs de récents et cruels souvenirs.

Montluçon connaît l’essor d’une ville industrielle ; les péniches mouillent à l’entrée du canal de Berry, le charbon de Commentry arrive par voie ferrée jusqu’aux hauts fourneaux et l’usine Saint-Jacques tourne à plein régime. La ville rose est et en fumée et par les cheminées des usines et Montluçon est reliée par chemin de fer avec Moulins, Bourges, Guéret et Gannat. Sa population approche les 30 000 habitants.

L’essor économique et humain s’accompagne d’un essor politique. Dans l’été 1880, un prophète est venu à Montluçon : il s’appelle Jules Guesde. Avec Paul Lafargue, le gendre de Marx, avec Engels, ils ont rédigé un « programme électoral des travailleurs socialistes » dont le préambule dit en substance :

« Vous, travailleurs, producteurs, émancipez-vous ! »

Le monde ouvrier se reconnaît déjà dans le socialisme qui va s’organiser dans plusieurs partis. Celui que crée Jules Guesde représente le courant marxiste. Les partis s’identifiaient souvent leur chef : ainsi parlait ont des guesdistes, des blanquistes, des vaillantistes… Montluçon été guesdiste.

Le bassin de Montluçon Commentry, berceau du socialisme, va bientôt en devenir un bastion.

·         En 1889, c’est l’élection fameuse du « député en blouse », Christophe Thivrier.

·         En 1892 Jean Dormoy devient le premier maire ouvrier de Montluçon.

·         En 1899 on construit l’Edifice Communal en Ville Gozet.

C’est tout un symbole, Montluçon sort de ses murs du moyen-âge, passe le Cher et implante dans la cité ouvrière « la vie associative » comme on dirait aujourd’hui. L’inauguration et prestigieuse, pour la première fois on auditionne l’hymne « gloire à toi Montluçon ».

Montluçon célèbre son socialisme alors que le 19e siècle s’achève.



5 avril 1880

Ernest Jean SEMONSUT est né, fils d’Amable, tourneur sur fer né dans la Combraille voisine et d’Agnesse Marie Julie Guichard, née à Bessay. Ils habitent, selon l’acte de naissance, rue des Cordeliers.

De l’enfant nous ne savons que peu de choses, sinon qu’il est de santé fragile et qu’il dispose de grandes aptitudes intellectuelles.

Il fréquente l’école communale de Montluçon-Est dirigée par M. Gérard.

·         En 1891 Ernest obtient le premier prix d’excellence aux CM2.

·         En 1892, cours supérieur première année, il a le premier prix de style et de littérature.

·         En 1893, ce sont les premiers prix d’arithmétique, algèbre et géométrie ainsi que d’histoire qui sont décrochés par Ernest Semonsut.

Excellent élève qui réussit dans tous les domaines…

Son père, fontainier à la ville de Montluçon depuis 1881, rapporte à la maison un modeste salaire pour trois personnes, puis bientôt quatre à la naissance de la petite sœur Georgette.

Dans ce milieu ouvrier l’ambiance est au bonheur rustique dans la ville. Ernest passe de longues heures à son secrétaire. Comme il est très sensible, qu’il a beaucoup d’imagination, qu’il mûrit vite, qu’il aime écrire, il laisse aller sa plume pour ses premiers vers.

Son poème « Nuit » et daté du 24 septembre 1895. Ernest alors 15 ans ; l’âge tendre laisse la place aux tourments de l’adolescence.

Normalien

Après l’école primaire supérieure (EPS), le collège d’alors, Ernest se présente au difficile concours de l’Ecole Normale.

Il est reçu avec le numéro deux dans la promotion 1896-1899 qui compte 12 élèves maîtres ; il a alors seize ans.

L’école normale représente alors un éminent moyen d’ascension sociale pour les meilleurs élèves des Cours Complémentaires et les Ecoles Primaires Supérieures, enfants de milieux modestes.

Nous sommes bien renseignés sur la vie d’Ernest à l’école normale grâce aux archives familiales confiées par le docteur SEMONSUT. On y trouve notamment la correspondance d’Ernest avec ses parents, mais aussi des travaux personnels et d’autres documents précieux.

Nous avons aussi une bonne connaissance sur ses études, ses relations, ses distractions, sa santé et ses aptitudes pédagogiques.

A l’école, le travail demandé et fourni est énorme. Il commence de bon matin à cinq heures et se termine tard le soir.

Ernest étudie les lettres avec passion. Il y réussit fort bien.

On forme à l’école normale l’instituteur du 19ème siècle. On enseigne la morale, la pédagogie, l’écriture (la calligraphie), l’agriculture, la préparation militaire pour la reconquête de l’Alsace-Lorraine.

C’est l’époque où les « bataillons scolaires », armés de fusils de bois –voire de vrais- s’entraînent officiellement dans les écoles.

Peut-être par réaction contre ses excès, pacifisme et anti-militarisme se développent avec le mouvement socialiste. L’affaire Dreyfus bat son plein. Cet officier d’état-major accusé est condamné à tort pour espionnage en 1894 n’est pas encore gracié et la campagne de révision du procès bat son plein. Elle se divise la France en deux :

·         Les dreyfusards antimilitaristes et les anticléricaux

·         Les antis dreyfusards militaristes et cléricaux

Ernest MONTUSES est dreyfusard. Comme Pierre Brizon, son camarade, son aîné de deux ans, son modèle, celui qui prépare le professorat de lettres à Saint Cloud…

A l’école normale, on vit en vase clos, dans un bouillon de culture très fertile, avec ses qualités et ses défauts. Les « bleus » portent admiration aux anciens qui ont du savoir plein la tête, et qui vont bientôt semer la bonne graine dans le département.

Pour l’heure, Ernest est tout à ses études. La chose politique ne paraît guère l’intéresser encore, mis à part antimilitarisme et anticléricalisme. Certes il défend les idées de justice sociale, de justice tout court, de générosité, mais en reste aux formules vagues. A la vérité, à 18 ans, il est encore accaparé par son « moi » des Rimes roses et il n’est pas encore passé, comme il le dira plus tard, du subjectif à l’objectif.



L’entrée dans la vie

Au sortir de l’école normale Ernest est nommé instituteur à Durdat Larequille le 1er octobre 1899.

Il est ensuite nommé à Doyet le 13 janvier 1900.

Il exerce à Doyet et jusqu’au 1er février 1901, date à laquelle il doit interrompre ses fonctions pour raisons de santé : « bacillose » dit le certificat médical pour désigner la tuberculose dont le nom est encore tabou. L’éclosion de la maladie date-t-elle du séjour à Doyet ? Il ne semble pas : déjà à l’école normale Ernest allait chaque matin boire un verre de sang chaud aux abattoirs, la médication recommandée à l’époque pour cette maladie.

Ernest a passé le conseil de révision le 24 janvier 1900. Il a été exempté de service militaire au motif de « la perte de la vision de l’œil gauche ». Cet état est consécutif à un accident d’enfance : un corps étranger dans l’œil.

En congé sans solde Ernest se retrouve sans ressources et sans travail, mais il faut bien vivre.

Une opportunité se présente : après les élections municipales de 1900 qui voient la confirmation de la municipalité ouvrière de Montluçon, le conseil municipal décide la création d’une bibliothèque populaire. Un emploi de bibliothécaire est à créer. Quel meilleur bibliothécaire pouvait-on trouver ?

En même temps Ernest a fait ses premières armes de journaliste dans « le Petit Indépendant de l’Allier », un journal « républicain, agricole et commercial » bihebdomadaire dirigé par Henri PINGUET à Moulins, ancien normalien comme Ernest et membre du POF, tendance du journal républicain de gauche dirions-nous aujourd’hui.

Puis, on trouve bientôt la signature d’Ernest que dans « le Socialiste de l’Allier », exactement le 11 mai 1901 (il vient d’avoir 21 ans) et il signe MONTUSES (ANAGRAMME de SEMONSUT), pseudonyme qu’il gardera toute sa vie et qui passera à la postérité.

Le poème dédié à Jean DORMOY s’intitule « Premier Mai ».

La statistique portant sur la durée de la collaboration d’Ernest au « Socialiste de l’Allier » fait état de 12 articles en 1901, 22 en 1902 et 30 en 1903 pour neuf mois avant la disparition du journal ; soit un total de 64 articles. MONTUSES atteint déjà sa vitesse de croisière ; et il n’a que 23 ans.

Membre du POF depuis 1901, militant déjà actif, son activité l’amène à de fréquents déplacements dans la région, notamment à Commentry, forteresse du socialisme.

Il se rend souvent aux Remorets, dans la famille THIVRIER.

Etonnante cette famille ! D’abord par son légendaire héros « Christou » dont MONTUSES contera l’épopée dans « le député en blouse ». Christou est décédé en 1895. Après sa mort, sa veuve et ses fils prennent la succession de la distillerie familiale.

L’un des fils, Léon, médecin, est conseiller général depuis 1901 et il le restera jusqu’en 1919.

Il y a aussi Alphonse, l’aîné, Isidore dont nous reparlerons, et une fille, la plus jeune des quatre enfants : Louise Angeline.

Elle a 24 ans en 1904, comme Ernest.

Les deux jeunes gens se connaissent bien, s’estiment, s’admirent et bientôt s’aiment. Ernest lui dédie ce « Sonnet pour ma fiancée ».

Le poème est daté du 29 août 1904. Le surlendemain, 31 août, le mariage d’Ernest MONTUSES et d’Angéline THIVRIER est célébré par Commentry.

MONTUSES entre dans une famille qui le met à l’abri des difficultés financières et l’incorpore dans une véritable dynastie. Nous en verrons plus tard toutes les conséquences.



L’ascension politique

C’est au Parti Ouvrier Français, POF, que MONTUSES fait ses premiers pas politiques.

Qu’est-ce que le POF ?

Organisation

Groupes d’études socialistes organisés par communes (les syndicats et groupes politiques), agglomérations, fédération et le conseil fédéral.

Programme

Base de la tactique : conquête des pouvoirs publics par la classe ouvrière.

Objectifs

« Etablir une société rationnelle où tous les hommes vivront libres et égaux en droits et en devoirs, au milieu d’une abondance et de bien-être que seules mesureront les progrès de la science et de l’industrie humaine ».

Mutation politique

La période est fertile en mutation politique :

·         Ivry – 1901 –fusion du POF (guesdistes) et du PSR (blanquistes) pour donner l’USR.

·         Commentry – 1902 – l’USR devient le PS de France (à ne pas confondre avec le PSF de Jaurès)

Vaillant, Guesde, Lafargue sont là.

MONTUSES consacre à cet événement national l’éditorial du « Socialiste de l’Allier ». Il célèbre l’unité réalisée. Mais de quelle unité s’agit-il ? Pas de tout le mouvement socialiste. Sont exclus : « les timorés, les socialistes opportunistes » et surtout les « ministèralistes » : Millerand, Viviani, et Jaurès du PSF qui n’est pas concerné par les décisions de Commentry.

En réalité, le nouveau parti et davantage un parti de militants que d’électeurs : quelques 16 000 adhérents pour toute la France.

Conséquences départementales de la création du PS de France sur le plan départemental : fusion des deux journaux « le Socialiste de l’Allier » et « le Tocsin Populaire » pour former un nouvel organe, « le Combat » dont le rédacteur en chef est MONTUSES.

Une nouvelle période s’ouvre pour MONTUSES comme pour le mouvement socialiste.

1905 dernières étapes dans l’unité socialiste : le PS de France et le PSF de Jaurès fusionnent pour former la SFIO dont le premier congrès se tient à Paris. MONTUSES est l’un des sept délégués de l’Allier à ce congrès.

Mais l’union scellée à Paris rencontre des résistances en Allier. Ces résistance se manifestent autour de deux bouillants révolutionnaires : LETANG et MAZUEL qui n’acceptent pas les décisions de 1905.

MONTUSES s’en ouvre à Vaillant qui lui répond :

« J’avais fait tous mes efforts pour les retenir(…). Ils ne m’ont pas entendu. Je l’ai regretté mais je n’y suis pour rien ».

Plus loin :

« Je ne les comprends et ne les connaît plus ».

Ces militants, de tradition blanquiste, portaient un héritage anarchisant à base d’anti-patriotisme et d’anticléricalisme qui demeurait vivace à Commentry est dans une moindre mesure à Montluçon. L’aide de Vaillant à MONTUSES est à noter dans un tel contexte.



Adjoint au maire

En 1904, une municipalité de droite avait été élue à Montluçon.

Aussitôt Ernest MONTUSES avait perdu son emploi municipal de bibliothécaire.

En 1908 les choses auront bien changé.

1905 : le PS a fait son unité.

1906 : 1er mai puissant, 10 000 travailleurs sont dans la rue contre le pouvoir et contre le maire CAILLET qui a réclamé 100 gendarmes à cheval et 100 gendarmes à pied.

Bilan de quatre ans « d’administration nationaliste » :

L’affaire des casernes et la plus controversée. La décision de les construire est prise. La position socialiste antimilitariste s’est assouplie : on n’est plus CONTRE les casernes. On n’en discute plus que le coût selon le mot d’ordre : «  les casernes ? OUI. Pour 4 millions, NON ».

Après une campagne électorale active, la liste socialiste l’emporte en entier :

Ernest MONTUSES est élu conseiller municipal.

Constant est élu maire avec 28 voix sur 30 votants.

MONTUSES est élu deuxième adjoint sur le même score.

Il sera chargé de l’instruction publique. Au cours de son mandat il va plaider et faire aboutir quelques grands dossiers :
  • L’EPS de filles (permettre leur accès à l’enseignement secondaire), création officielle en 1908, emplois créés en 1910 dans l’ancien couvent Saint Maur.
  • Des écoles primaires construites en ville
  • Enseignements divers : sténo, chant, cours d’adultes
  • Aide aux familles nécessiteuses dont les enfants fréquentent des écoles qui coûtent cher : les lycées de Montluçon et Clermont-Ferrand, Ecole Normale de Moulins, Arts et Métiers de Cluny, école d’agriculture de Grignan et de Rennes, école des sourds-muets…
  • Aide aux sociétés culturelles locales pratiquant musique et dessin.

1912 : MONTUSES n’est pas candidat au renouvellement municipal avec Constans.



Avec Jean Jaurès

Pas besoin d’être élu pour militer. Les tâches ne manquent pas ! MONTUSES est à sa place de militants, de militant responsable.

Ainsi pour la venue de JAURES dans l’Allier en en 1909, à Montluçon et Commentry, ce fut un événement de taille.

Moment d’émotion lorsque JAURES descend du train en gare de Commentry, est accueilli par de nombreux militants qui sont venus de toute la région.

Un long cortège très animé se forme jusqu’à l’hôtel de ville.

C’est d’abord le congrès du parti socialiste. MONTUSES, au nom du comité d’organisation, précise le but du congrès et félicite ses amis de l’élan avec lequel il ont répondu.

A l’issue du congrès, a lieu un meeting au théâtre. MONTUSES préside devant 1800 auditeurs après les 3000 du théâtre cirque à Montluçon la veille.

Le soir JAURES est hébergé chez MONTUSES.

Là, en famille, on se détend. On abandonne des grandes idées pour la petite conversation entre amis. JAURES prend sur ses genoux le fils de MONTUSES, le petit Jacques qui est maintenant dans ses 20 mois, et lui chantonne :  « frère Jacques, frère Jacques… ».

Trop jeune pour garder le souvenir, le petit-fils de Christou conservera néanmoins l’événement par la mémoire familiale grâce à laquelle il a pu le conter.



Le Bourbonnais au cœur

22 avril 1914, 8 heures et demie du soir, le nouveau théâtre municipal de Montluçon, inauguré depuis peu, et plein à craquer.

On y joue « Contre son roi », une pièce historique en vers, en quatre actes.

Montluçon ce soir est à l’honneur. L’auteur est de Montluçon, MONTUSES. Les acteurs aussi : la troupe d’amateurs de la jeunesse artistique de Montluçon. L’action se passe à Montluçon en l’an de grâce 1521. Ce n’est pas une date fantaisiste. Tout s’est joué cette année-là avec la rébellion du connétable de Bourbon pour le rattachement du Bourbonnais au royaume de France.

Procès historique : jusqu’à MONTUSES la thèse des historiens consistait à présenter la rébellion du connétable comme une trahison.

Pièce de réhabilitation elle est aussi un divertissement de qualité. Le public ne s’y est pas trompé qui a fait une ovation aux acteurs et à l’auteur.

La presse, régionale et nationale, ne ménagera pas non plus ses éloges pour la pièce.

MONTUSES avait d’abord envisagé de faire jouer sa pièce pour l’inauguration du théâtre de Montluçon. Cette inauguration devait avoir lieu en décembre 1913. Retardée, elle eut lieu le 17 janvier 1914. MONTUSES avait, en deux mois, par un travail acharné comme le montre son manuscrit raturé, écrit « Contre son roi ».

La pièce était prête mais l’auteur avait pour ambition de faire jouer les deux rôles principaux par Gabrielle ROBINNE montluçonnaise de la Comédie-Française et son mari M. Alexandre également pensionnaire de la Maison de Molière. Ce ne fut pas possible pour diverses raisons.

En fin de compte, la pièce fut donc jouée par une troupe exclusivement montluçonnaise les 22 et 24 avril 1914, alors que la guerre approchait à grand pas.



Préparatifs de guerre.

La guerre n’éclate est pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein.

Depuis plusieurs années, on la sentait venir, même en bourbonnais.

En 1909 avait eu lieu les grandes manœuvres militaires mettant en action 50 000 hommes. A l’issue de ces manœuvres, le général Trumeau concluait dans son ordre du jour :

Celle –ci (la France) peut être fière de son armée, de ses fils. Il n’en est pas un de ceux que j’ai vu manœuvrer  en bourbonnais qui ne soit prêt le jour venu à lui donner à son tour la vie. »

Quelques jours plus tard, c’était la catastrophe du dirigeable « République » qui avait fait sensation au cours de la manœuvre et qui s’écrasait au nord de Moulins.

Les préparatifs de guerre apparaissaient dans d’autres domaines.

Dans les écoles, depuis la guerre de 70, on se souciait activement de la préparation militaire, avec des fusils fantoches, voire avec des armes réelles.

Les sociétés de gymnastique connaissaient également une grande vogue. Elles avaient un but militaire plus ou moins avoué. La 39ème fête fédérale de gymnastique a lieu à Vichy du 10 au 13 mai 1913. A la tribune officielle, on remarque, excusez du peu, le Président du Conseil… et le ministre de la guerre. N’est-ce pas clair ?

Et dans les casernes, à Moulins, au quartier Villard de la Madeleine, l’activité est intense.

A Montluçon, ont construit des nouvelles casernes, route de Guéret.

Le 121ème régiment d’infanterie prend possession des lieux le 28 septembre 1913. Toute la ville est en fête ce jour-là.

Le 14 juillet suivant, Montluçon est à nouveau en liesse. Musique en tête, le régiment quitte la caserne pour défiler en ville sous les acclamations de la population fière de ses fantassins.

Le 2 août, la guerre était déclarée et le régiment partait pour le front. Le grand massacre commençait.



La guerre 14-18 et Montusès

Le premier problème qui va se poser au mouvement socialiste et à Montusès, c’est celui de la participation gouvernementale.

Faut-il participer à un gouvernement bourgeois ? Le débat est vieux comme le mouvement ouvrier.

Déjà en juin 1899, Waldeck Rousseau avait constitué un gouvernement qui comptait dans ses rangs le général Gallifet, l’un des versaillais les plus cruels lors de la répression de la Commune, et le socialiste Alexandre Millerand, approuvé par Jean Jaurès qui refusera pourtant jusqu’à sa mort tout poste ministériel.

Ceux qui, comme Jules Guesde et les guesdistes, au nom de la pureté révolutionnaire, défendait la position contraire étaient les « antiministériels ».

En 1901, les discussions sur ce point continuent sur cette question entre Montusès et Brizon. Montusès et farouchement antiministériel. Il considère la participation comme une compromission et il la condamne comme telle. Pour lui, c’est clair, c’est net, et cela ne souffre pas d’exception.

En 1914, début juillet, se tient à vichy le deuxième congrès de la fédération socialiste de l’allier. Sur proposition de Montusès, Thivrier et Brizon, le congrès décida de s’opposer à la guerre y compris par l’insurrection. La formule « plutôt l’insurrection que la guerre » est adoptée par 35 voix contre 18 et trois abstentions.

Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès est assassiné. Montusès lui dédia un magnifique poème qui se termine par ce vers :

« Tu tombes d’être grand en face du danger »

Le 2 août, l’édito du « Combat » rappelle :

« Nous n’avons rien à retrancher à nos motions de congrès »

Le 4 août, on enterre Jean Jaurès. Le même jour, la chambre vote les crédits de guerre et confie au gouvernement les pleins pouvoirs. Ces votes sont acquis à l’unanimité. Les socialistes votent touspour le gouvernement, même le député de l’allier Pierre Brizon. C’est le temps de « l’Union Sacrée ».

Le 26 août, le ministère Viviani fait place  à un nouveau ministère Viviani, deux socialistes entrent au gouvernement, Marcel Sembat, ministre des Travaux Publics, et Jules Guesde, ministre sans portefeuille, lui-même.

Que dit Montusès ? Il consacra à l’événement son éditorial du 30 août 1914. Il est certes embarrassé, mais il prend position lui aussi pour « l’Union Sacrée ». Il explique qu’il ne s’agit pas d’un reniement, que l’anti ministérialisme ne s’applique que « dans les heures calmes de la vie normale ».

Il va plus loin, il exalte cette « Union Sacrée ».

Quant à Brizon, il déclare qu’il collabore à l’Union Sacrée « à son poste de maire » ; c’est plus modeste mais non moins significatif.



Printemps 1916

Avec le temps, les choses ont évolué.

Le 9 avril 1916, en pleine offensive de Verdun, se tient un conseil national du parti socialiste. Montusès y prend la parole et pose nettement la question :

« la France va-t-elle, pour sa gloire, s’ensevelir sous les ruines ? »

A « la paix par la victoire » de Briand, il oppose une autre formule : « la victoire par la paix ! ».

Marcel Sembat s’oppose à lui. Le conseil se partage en deux :

  • Une majorité pour « continuer son effort dans la Défense Nationale ».
  • Une minorité résolue à lutter « pour la reprise des relations internationales ».

Vote de la résolution : 1987 pour, 960 contre, 12 abstentions.

Montusès écrira plus tard que c’est Brizon qui avait tenu à le faire inscrire à ce conseil national.

1916 est probablement la première année de combat contre le jusqu’au boutisme. Brizon est à la pointe de ce combat depuis 1915, date à laquelle il a participé en Suisse, à Zimmerwald à une conférence internationale socialiste où l’on s’est efforcé de coordonner l’action contre la guerre.

Du 24 au 30 avril 1916 Lénine est présent à la nouvelle conférence internationale en Suisse à Kienthal ; trois députés socialistes français y participent, dont Brizon.

Que pensent Montusès et le parti socialiste de l’attitude de Brizon ?

Brizon est convoqué pour s’expliquer devant son parti. Montusès prend une position de conciliateur.

A la chambre des députés, le vote des crédits de guerre donne :

-          Pour : 512 voix

-          Contre : trois voix seulement, dont celle de Brizon.

Montusès exprime un avis nuancé dans « Le Combat » :

« Nous obéissons tous à notre conscience personnelle, avec un égal désir de servir la cause sacrée du pays et du socialisme ». On remarquera l’astuce de la formule.

1917 début novembre Thomas vient à Commentry. Encore récemment sous-secrétaire d’Etat à la guerre, il ne l’est plus depuis septembre 1917. C’est Montusès qui est chargé de le saluer. Il fait un éloge dithyrambique du ministre jusqu’au-boutiste.

Novembre 1917, c’est aussi la révolution russe. Le conseil national du parti socialiste accepte d’enthousiasme la conférence internationale demandée par les socialistes russes.

Mais le problème des crédits de guerre se pose toujours, même en 1918, au sein du parti socialiste.

1918 : cette année, Brizon fort de son journal « La Vague », hebdomadaire qui se dit « pacifiste, socialiste et féministe ».

Le courant pacifiste grossit, mais la prise de conscience a été lente, très lente dans le parti socialiste et chez Montusès.



La reprise

Le 2 janvier 1920, présentant ses vœux à Émile Guillaumin, Erneste Montusès lui écrit :

« J’avais perdu l’habitude de penser en homme politique. Depuis six ou sept ans, je m’étais plutôt consacré à mes livres. Au printemps encore, j’avais mis en train un volume « la reprise » où je voulais noter les difficultés que la période d’après-guerre amoncelle devant les artistes ».

1919 fut pour lui l’année de la reprise :
  • Reprise du militantisme.
  • Reprise du pacifisme.

Dans la même lettre à Émile Guillaumin, Ernest Montusès évoque ainsi sa reprise militante :

« Je me suis retrouvé une âme de prosélyte (…). Me revoilà donc que dans la foule, sur le forum. »

En effet, fin 1919 se déroule plusieurs élections : législatives, municipales et cantonales.

Pour les élections législatives, d’abord désigné par un congrès extraordinaire du parti socialiste comme candidat, Ernest Montusès se retire à la suite de plusieurs manœuvres, son beau-frère Isidore Thivrier étant à l’origine de diverses péripéties. Ernest Montusès en sera très affecté.

A l’élection cantonale il est candidat à Montluçon-Est. Un seul concurrent lui est opposé. Il est brillamment élu conseiller général dès le premier tour. Il va maintenant se consacrer hâtivement à son nouveau mandat.



Poésie en trois couleurs

Le rose et la couleur de l’adolescence, le rouge celle du militant ; nous les retrouverons dans les « Rimes roses et rouges ».

Le noir et celle de la douleur, présente dans « la traîne de pourpre » et dans « les jardins de la douleur ».

Le Rose

Ernest Montusès publie la première partie des « Rimes roses et rouges » en 1914.

On y trouve une puérilité reconnue par l’auteur (son premier poème est écrit en 1895 alors qu’il n’a que 15 ans), et une intimité d’apparence qui relève plus d’une véritable humanité. Il a le souci d’humaniser la propagande socialiste.

Ernest Montusès y exalte la femme, sa beauté physique, le rêve, la consommation, la bonté, la justice. La femme est dans la nature, la douleur de l’absence et de la séparation.

Le Rouge

C’est la deuxième partie des « Rimes roses et rouges ».

Ernest Montusès, de l’adolescence à l’âge adulte, du subjectif à l’objectif, y traite des thèmes sociaux, de la misère humaine, du monde du travail, de la guerre, de la mort, des pauvres et de l’histoire (1er mai, Commune, socialisme, révolution).

Le Noir

1916 voit la sortie de « la traîne de pourpre », pourpre comme le manteau des rois et comme le sang des hommes.

Trois grands thèmes y sont développés :
  • contre ceux qui tuent le bonheur des hommes, les rois, les grands.
  • contre la guerre sur le front comme à l’arrière.
  • Pour la paix contre la guerre

Un grand cœur sensible y exprime le sentiment de la colère, l’indignation et la révolte, la tendresse, la douceur ou l’exaltation.

En 1918, dans « les jardins de la douleur » la mort est omniprésente sous différents visages, insatiable, menaçante, ricanante. Elle y règne en maîtresse. Faut-il l’accepter ? Faut-il lutter ?

Quand « la route est triste, infiniment », la résignation l’emporte malgré un dernier sourire à la fin du recueil.

En rupture avec « la traîne de pourpre », douceur et nostalgie sont le ton général des « jardins de la douleur »



Le choix de Tours

1920 sera l’année du choix décisif pour le mouvement ouvrier.

Dans le cadre de la préparation du congrès fédéral de Saint-Germain des Fossés, une tribune de discussions est ouverte dans « le combat ».

Trois grandes positions se dessinent :

·         Marx Dormoy est contre les 21 conditions d’adhésion à la troisième internationale

·         Beslais est pour l’adhésion avec réserves ; Montusès pour le principe de l’adhésion au nom de l’efficacité émet des réserves sur l’existence des tendances en voulant sauver avons tout l’unité du parti

·         Pour l’adhésion sans réserve, Brizon appelle tous à la troisième internationale sans division avec Chaulier, Gaby et un nombre important de groupes de l’Allier.

Au congrès de Saint-Germain le 5 décembre 1920, trois motions sont présentées :

  • Contre, celle de Léon Blum obtient 745 voix
  • Pour avec réserves, celle de Longuet obtient 269 voix
  • Pour, celle de Cachin et Frossard obtient 1209 voix

Les deux Tiers de la fédération sont pour la Troisième Internationale.

Ernest Montusès fait le commentaire suivant : «  Dans l’Allier, la belle et féconde unité de 20 ans n’est pas en péril ». Il se trompait.

Seront délégués pour le congrès de Tours :

  • Motion Cachin : Gaby et Gaume
  • Motion Blum : Isidore Thivrier et Marx Dormoy
  • Motion Longuet : Ernest Montusès

Au congrès de Tours Marx Dormoy prendra la parole « contre » et Gaby « pour » ; Ernest Montusès n’interviendra pas et la majorité l’emporte pour l’adhésion à la troisième internationale.

Refusant de s’incliner, la minorité quitte le congrès.

A Villefranche la scission est confirmée :

  • « Le combat social » devient l’hebdomadaire de la SFIO
  • « Le travail » est créé par le PCF avec Montusès comme directeur.




Les mines

Mines de Montvicq :

1915 : Commentry-Fourchambault-Decazeville cède la concession à Alphonse et Isidore Thivrier qui fondent une société civile au capital de 60 000 F.

1922 : la société civile des Thivrier devient société anonyme au capital de 175 000 F.

Le capital a triplé en sept ans.

Mine de Bézenet :

1915 : Châtillon-Commentry-Neuves Maisons cède la concession à Alphonse, Isidore Thivrier et Panaud établis en société civile au capital de 60 000 F.

1922 : la société civile devient société anonyme au capital de 180 000 F. Comme à Montvicq le capital a triplé avec la guerre.

La dévalorisation du charbon à la veille de la guerre et sa rareté pendant la guerre avant la remise en exploitation peuvent expliquer ce profit.

« La mine aux mineurs ! »,  Christou devait se retourner dans sa tombe !

L’histoire d’une calomnie

Montusès embusqué pendant la guerre de 14 18 !!! Inscrit en 1916 comme mineur !!!

Or Montusès avait été réformé pour raisons de santé ; trois années de service étaient nécessaires dans la mine pour être mobilisé dans une exploitation. Des registres de la mine de Montvicq feraient état du salaire de Montusès !!! Qui a touché le salaire ?

Mauvaise défense d’Ernest Montusès.



Dans les années difficiles

La démission de Frossard

En octobre 1922 une lettre de Frossard (secrétaire général du parti communiste) à Ernest Montusès fait état de désaccord sur la tactique préconisée par la Troisième Internationale mais rejetée à l’unanimité moins une voix par le comité directeur du PCF. Ernest Montusès plaide pour la soumission aux décisions de l’Internationale avec quelques raisons.

Au congrès national à Paris trois motions émanent de trois tendances. Frossard refuse d’appliquer la loi de la majorité et quitte le parti en janvier 1923.

L’exclusion de Pierre Brizon

En mars 1922 il lance la formule du « bloc des rouges » opposé au « bloc des gauches » formée du parti socialiste et des radicaux.

Exclu par le congrès de Paris en 1922, Brizon essaie alors de créer des « cercles rouges », mais c’est un échec.

La vente de son journal « La Vague » baisse, c’en est la fin dans les difficultés, transformé dans un nouvel organe : « le bloc des rouges ».

Pierre Brizon meurt en 1923, Ernest Montusès lui publie un éloge funèbre émouvant dans « Le Travail ».

Les problèmes internes ne manquent pas :

Difficultés au journal et dans l’application des mots d’ordre de Moscou au congrès de Souvigny le 14 janvier 1923.

Nouveau statuts fédéraux au congrès de Commentry le 16 septembre 1923 qui élit Montusès parmi les cinq membres du bureau politique.



Elections législatives de 1924 : la candidature avortée

Une lettre de Marcel Cachin explique les décisions du bureau politique sur les candidatures communistes. En janvier 1924 le congrès national de Lyon traite de la tactique électorale et du choix des candidats « dans l’élément prolétaire ».

Le 17 février 1924 le congrès départemental d’Yzeure ratifie la liste « Bierson, Gaume, Montusès, Roussat, Tauveron.

Les deux candidatures de Gaume et Montusès sont contestés par le bureau politique.

Le 23 mars 1924, le congrès complémentaires à Yzeure voit Gaume et Montusès remplacés par Lajarge et Vénuat.

Quatre listes sont en présence dans l’allier :

  • BOP (communiste) arrive en quatrième position sans élu
  • Union Socialiste obtient quatre élus dont Isidore Thivrier
  • Concentration républicaine et socialiste (radicaux) obtient un élu
  • Liste républicaine et d’union nationale (royaliste) n’obtient aucun élu



La Guerre du Maroc

Une manchette du journal « Le Travail » titre : « nous dénonçons au prolétariat la criminelle expédition marocaine ». Le mouvement de protestation se développe dans toute la France et notamment en Allier où Montusès prend position pour « la fraternisation » dans l’un de ses poèmes.

De la Mer Noire à Hérisson et Montluçon

1919 voit les mutineries des marins de la Mer Noire.

En 1923, A. Marty, l’un des mutins condamné à 20 ans de travaux forcés, est candidat au conseil d’arrondissement dans le canton de Hérisson. Prisonniers d’Etat A. Marty est élu !

L’élection est cassée et A. Marty est déclaré inéligible.

Les nouvelles élections voient la victoire du candidat socialiste.

En juillet 1924 A. Marty est à Montluçon-st à l’occasion d’un grand meeting à l’Hôtel de Ville.



Au  Conseil Général

En 1907, Ernest Montusès, candidat dans le canton de Montluçon-Est, est battu au deuxième tour avec un score honorable.

En 1910, Ernest Montusès est candidat dans le canton du Montet avec le soutien de Pierre Brizon ; il est battu au second tour avec un bon score.

1919, Ernest Montusès est à nouveau candidat dans le canton de Montluçon-Est où il est élu dès le premier tour contre l’ancien maire Caillet.

En conseiller actif Ernest Montusès se manifeste dans le domaine intellectuel, social et politique. Il prendra position contre l’occupation française la Ruhr.

Montusès attaque, argumente, conteste, réplique, contre-attaque, répond (Robespierre à l’appui) face au préfet et à deux ministres (Peyronnet et Vidal) dans une séance mouvementée.

1925, c’est l’échec. Au premier tour de candidats seulement s’affrontent, Marx Dormoy et Ernest Montusès ; la droite ne présente aucun candidat. Premier tour Marx Dormoy remporte 53,4 % des suffrages mais n’est pas élu faute d’avoir réuni le quart des inscrits. Au second tour marche Dormoy été élu, Ernest Montusès perd son siège.

Est-ce un échec politique ? Les conditions ont bien changé depuis 1919 :

« Je n’ai pas encore fini ma tâche » dira Ernest Montusès.



Elections municipales de 1925

Deux listes s’affrontent à Montluçon :
  • Cartel des gauches (socialistes plus quelques radicaux) avec en tête le maire sortant Constans entraînant dans sa liste Marx Dormoy et Fouilland.
  • BOP (PCF) avec en tête Montusès et Debizet (conseiller général).
  • Une candidature isolée de droite est présente avec l’ancien maire Caillet.

Au premier tour le cartel obtient 29 élus sur 30 ; Dormoy est en ballottage. Au second tour Dormoy et Debizet sont en lice pour le siège restant ; Dormoy est élu.

La campagne anticommuniste virulente et l’absence de liste de droite constitue ce qui deviendra une constante montluçonnaise vérifiée bien des fois par la suite.


Du « travail » à « l’Emancipateur ».

Le 23 janvier 1921, Ernest Montusès est chargé de la direction du journal « Le Travail ».

En décembre 1921 au deuxième congrès de Saint-Germain des Fossés, le bilan d’un an fait état de 1607 abonnés avec 2200 F en caisse.

Parmi les projets Ernest Montusès propose une maison, une imprimerie, et envisage un quotidien. Des 50 000 F nécessaires 17 000 seulement seront recueillis en parts de 125 F.

La construction du local 38  rue des Jardiniers se fait à son compte.

Des produits sont réalisés avec la somme récoltée (20 000 F) pour l’imprimerie.

En mai 1922 tout est prêt à fonctionner avec deux ouvriers syndiqués.

Ernest Montusès s’entoure de quatre autres personnes dans une direction collective de cinq membres.

Les difficultés ne manquent pas ; il est impossible de sortir un quotidien. Le « Combat Social » lui voue une opposition féroce. Il doit faire face à un procès d’Isidore Thivrier est à l’opposition de la droite et du pouvoir avec des perquisitions et des accusations de complot.

Ces difficultés en viendront à bout avec des échecs électoraux au conseil général et au conseil municipal. La publication du « Travail » est suspendue le 25 juillet 1925.

De nouvelles décisions seront prises à Bourges avec la création de « l’Emancipateur - Allier » un an jour pour jour après la disparition du « Travail ». Ernest Montusès tient une chronique régulière dans ce nouveau journal.



Ecrivain bourbonnais du Bourbonnais

Histoire au roman, l’œuvre d’Ernest Montusès baigne dans le bourbonnais.

Pour ce qui concerne l’histoire il publia en 1912 l’histoire de Montluçon avant, une année plus tard, de sortir la « Notice historique sur Montluçon » destinée aux écoliers de la ville. En 1913 toujours, il écrit « le député en blouse », biographie de Christophe Thivrier, dit Christou, ainsi que l’éloge d’Emile Guillaumin.

En 1919 son roman « L’âge de fer », roman de sa ville où il situe une gracieuse idylle lui vaudra l’approbation cordiale et l’éloge d’Emile Guillaumin.

En 1924 la guerre demeure présente dans son nouveau roman « les Cimes » ; les cimes en question sont spirituelles dans cette œuvre lyrique, véritable roman de la femme.



Ernest Montusès et Emile Guillaumin

Entre ces deux amis ressemblances et différences sont nombreuses.

Du même âge à quelques années près, ils ont la même origine modeste, la même communauté d’idées sur le même constat social, et le même appétit de militantisme.

Du côté des différences, Emile Guillaumin, « pauv’ ch’tit pésan », paysan écrivain au style simple de romancier, se méfie des partis en héritier des socialistes utopistes du 19ème siècle. Ernest Montusès est intellectuel avant tout ; sa vaste culture littéraire et historique est accompagnée d’une vive sensibilité. Militant, il se jette à corps perdu dans le combat politique avec la classe ouvrière.

Les relations entre les deux hommes sont excellentes ; littéraires ou politiques elles nourrissent leurs discussions et leurs échanges, elles sont aussi familiales.



Les problèmes d’édition

Ses premières brochures de 1903 à 1906 sont publiées dans « le Socialiste de l’Allier ».

L’histoire de Montluçon en 1912, et la notice historique sur Montluçon en 1913 seront publiées à la Librairie des Ecoles à Montluçon.

« Le député en blouse » en 1913 et les « Rimes roses et rouges » en 1914 sont publiés dans les « Cahiers du Centre » à Moulins.

« La traîne de pourpre » et publiée en 1917 chez Figuière à Paris.

« L’âge de fer » en 1919, « les cimes » 1924, et « Les ennemis du paysan » en 1927 sortiront de la Société Mutuelle d’Edition à Paris, qui fait œuvre d’entraide et de solidarité.

 

Le Prix Goncourt

En 1904, « la vie d’un simple » d’Emile Guillaumin n’est pas retenue. En 1919 et 1924 les candidatures respectives d’Ernest Montusès avec « l’âge de fer » et « les cimes » subiront le même sort.



La magie du verbe

Ernest Montusès est un orateur exceptionnel ; son art oratoire se joue du ton, des images de l’improvisation et d’une touche finale toujours réussie. Il attache beaucoup d’importance aux images qui nourrissent aussi bien son art de la description que du récit.

Comme l’homme, le style est distingué, mais il distille aussi des formules choc. Son érudition littéraire et historique se retrouve dans une écriture riche et élégante, voire même précieuse parfois.

S’il assène des formules choc qui frappent, qui font mouche et qui interpellent, Ernest Montusès ne cultive pas pour autant la forme pour elle-même.

« Je suis de ceux qui recherchent sous la beauté de la forme la beauté de l’idée » écrit-il dans une lettre à Emile Guillaumin ; ou encore « le socialisme m’a donné sur ce point les plus fortes émotions d’art ».



Chez lui

  • En 1880 Ernest Montusès nait rue des Cordeliers.
  • En 1885 Georgette nait 15 rue de Paris.
  • En 1904 son acte de mariage fait état du boulevard des Cordeliers.
  • En 1905 la lettre de Vaillant est adressée boulevard des Cordeliers.
  • En 1906 une autre lettre de Vaillant le joint rue de Valmy.
  • En 1909 un acte de Maître Monin évoque aussi la rue de Valmy pour l’achat du terrain de sa future maison.

C’est dans la rue Marcel Sembat, ex rue des Jardiniers, qu’il gagnera sa maison en 1913, une villa avec rez-de-chaussée surélevé et un étage abritant aussi de commerce de succursale de la maison Thivrier.



 « la route de la vie à pour borne les tombes… »

Le 9 novembre 1927 Ernest Montusès accompagné de son épouse et du dentiste Chambenoit sont chez le Docteur Piquand pour une opération banale, un curetage du maxillaire.

L’anesthésie au chloroforme tourne mal et Montusès décède de mort subite, vraisemblablement suite à un arrêt cardiaque.

La nouvelle se répand comme une traînée de poudre.

« Le Centre » en date du 11 et 12 novembre cite « l’intellectuel, écrivain de talent ».

« Le Combat » le 13 novembre évoque « la scission imbécile qui nous avait séparés ».

« L’émancipateur » du 13 novembre parle de « consternation » et de « perte cruelle ».

Aux obsèques d’Ernest Montusès, le 11 novembre 1927, le cortège réunit 1500 à 8000 personnes. Au « champ du silence » deux hommages émouvants seront rendus au disparu.

La vie continue

La lutte révolutionnaire continu, mais « la route de la vie à pour borne des tombes ».

1927 : la troisième république a dépassé la cinquantaine, le « poincarisme » gouverne la France, la crise économique mondiale prend naissance aux USA…

…. Dans 12 ans ce sera la « der des der », la deuxième guerre mondiale.



Epilogue

Angéline, épouse d’Ernest Montusès, décède en 1974 à 94 ans.

Jacques, fils d’Ernest Montusès, fait une carrière de médecin anesthésiste.

Georgette, sa sœur, sera enseignante.

Alphonse Thivrier décède en 1936.

Isidore Thivrier décède en 1943 au Struthof.

Paul Constans décède en 1931.

Marx Dormoy est assassiné en 1941 à Montélimar.

Alexis Gaume siégera longtemps au Conseil Général de l’Allier.

Emile Guillaumin décède en 1951.

Aux prises avec des difficultés dans les problèmes de presse, le PCF garde une ligne de conduite constante dans l’action.

Ernest Montusès écrivait à Emile Guillaumin à ce propos :

« Jamais mon parti ne saura quelle sorte de sacrifice je lui consens. »



Son nom attribué à deux rues seulement, la mémoire d’Ernest Montusès est transmise par ses livres. Trop peu de choses le gardent dans la mémoire collective ; beaucoup mieux reste faire avec « l’Association des amis d’Ernest Montusès » pour le souvenir de cet homme véritable.





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